Le Défilé du 8e nous interroge. Demain, c’est à partir d’hier, une planète, notre planète, qui déborde. Il y a ses jardiniers de la récup’ et leurs brouettes. Demain, c’est aujourd’hui, des hommes qui partent et arrivent ; les « valiztransits » transportent leurs mémoires et nous emmènent dans leurs pérégrinations. Aujourd’hui, c’est la musique, métissée, colorée, emmenée par des musiciens-travailleurs. Aujourd’hui, ce sont ceux qui arrivent, que l’on accueille, que l’on porte : place aux marionnettes grandeur d’homme. Ouvrons enfin les « valizutopies » pour l’après ! Alors, demain ? Et si l’on cessait de jeter les objets et les hommes ? Et si l’on réinventait, avec eux, de nouveaux récits ?

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Projet artistique expliqué par Annick Charlot : 

"La particularité de notre projet, c’est qu’il est composé de deux équipes artistiques. Deux équipes installées sur le même territoire : Natacha qui a terminé une résidence dans le cadre de “Tout le monde dehors” dans le 8e arrondissement, et moi-même dont le studio et la compagnie sont installés ici. Natacha avait envie d’une suite à son projet avec les habitants et moi, je voulais m’embarquer dans un nouveau Défilé.

Au départ nous sommes parties d’une idée un peu folle qui me trottait dans la tête depuis un moment, celle de faire un défilé avec des réfugiés et des sans-papiers, mais évidemment, la réalité nous a rattrapées. On est restées sur cette idée d’une société, la nôtre, qui jette ou exclut ce dont elle n’a plus besoin. On a voulu créer autour de la récupération, du recyclage, du fait de cesser de jeter les objets et les hommes. Faire le grand écart artistique entre les objets et les hommes. Comme on travaille avec Némo pour la scénographie, qui réfléchit depuis longtemps sur cette problématique et que la costumière, Nadine, détourne les vêtements de leur premier usage, la thématique était toute trouvée. D’ailleurs, on a fait les décors et les costumes avec de la récup’. Par exemple, notre char qui représente la Terre, est entièrement constitué (sur une structure métallique réalisée par les élèves du Lycée La Mache) de 6000 canettes usagées écrasées, des rouges pour les continents et des bleues pour les océans.

La chorégraphie aussi, dans le second tableau, celui des jardiniers de la récup’, reprend cette idée de jeter et ranger, récupérer et jeter. Les deux premiers tableaux concernent les objets puis on passe aux hommes avec dans le troisième tableau, de grandes marionnettes portées par des danseurs. En tout, il y a sept grands tableaux, dont celui des lycéens qui ont planché sur la question “C’est quoi, demain ?”, avec une réponse, dans une “valizutopie”.